| La réponse de l'expert |
Quels sont les erreurs à ne surtout pas commettre ? Les bons réflexes à avoir ?
Martin SCHNAPPER (le fondateur de Fidaquitaine, un cabinet d’expertise-comptable Ă Bordeaux) explique lors d'une interview avec Monsieur Gautier GIRARD, comment Ă©viter certains Ă©cueils pour rĂ©ussir votre reprise d’entreprise.
Beaucoup de futurs repreneurs pensent qu’il est plus rapide ou plus facile de reprendre une entreprise que d’en crĂ©er une. Est-ce rĂ©ellement le cas ?
Ce sont deux démarches bien distinctes avec pour chacune leurs avantages et leurs inconvénients.
La crĂ©ation prĂ©sente souvent l’avantage de nĂ©cessiter moins d’apport personnel donc moins de risques financiers. Par contre, le crĂ©ateur ne doit pas sous-estimer le temps de montĂ©e en pression de son business sachant que le crĂ©ateur pèche souvent par optimisme. Les coĂ»ts de communication engagĂ©s au dĂ©part sont parfois insuffisants ce qui fait que le rythme de montĂ©e su chiffre d’affaires ne permet pas d’atteindre le point mort rapidement et donc au crĂ©ateur de se rĂ©munĂ©rer correctement.
Dans le cas de la reprise, le repreneur reprend une activitĂ© avec une clientèle installĂ©e mais les besoins financiers sont plus importants (apport personnel plus Ă©levĂ©, endettement bancaire) entraĂ®nant un niveau de risque plus Ă©levĂ© (perte de l’apport et risque liĂ© Ă la caution personnelle souvent demandĂ©e par la banque).
Quelles sont les principales erreurs Ă Ă©viter lors d’une reprise d’entreprise ?
Le principal point Ă valider est l’adĂ©quation entre le profil du repreneur et la cible.
La reprise d’une entreprise, comme la crĂ©ation, ne sont jamais sans risque. Il convient donc de les limiter. MaĂ®triser l’activitĂ© de la cible (« ĂŞtre du mĂ©tier ») est un facteur important de minimisation des risques, mĂŞme si dans certains secteur le savoir faire s’acquiert vite. Les banques sont très attentives Ă ce facteur.
Il faut bien entendu vĂ©rifier que l’entreprise ne dĂ©pend pas d’un gros client ou d’un gros fournisseur ou qu’un certain nombre de clients ne sont clients de l’entreprise que parce qu’ils ont une relation personnelle avec le cĂ©dant.
Il faut aussi veiller Ă ce que la pyramide des âges soit Ă©quilibrĂ©e pour s’assurer que du personnel clĂ© ne va pas partir Ă court terme.
Bien entendu, acheter au bon prix, de bonnes garanties et conserver des réserves financières en cas de problèmes post-reprise sont nécessaires.
Reprendre une entreprise, oui….mais comment s’assurer qu’il n’y a pas de « cadavres dans le placard » et que la reprise est rĂ©ellement pertinente ?
Il faut bien entendu vĂ©rifier que l’entreprise ne dĂ©pend pas d’un gros client ou d’un gros fournisseur qui pourrait remettre en cause ses relations commerciales avec la cible dès la reprise passĂ©e.
Un audit commercial est nĂ©cessaire pour valider ce point, vĂ©rifier oĂą en sont les produits de l’entreprise dans le cadre de leur cycle de vie et identifier la concurrence, ses forces et ses faiblesses.
Sur le plan financier, les stocks et les travaux en cours sont souvent la source des problèmes. C’est souvent sur ce poste que le cĂ©dant peut avoir jouĂ© pour amĂ©liorer la vision financière de son entreprise.
Un inventaire contradictoire des stocks est nĂ©cessaire pour contrĂ´ler l’existence physique des stocks, le fait qu’ils ne soient pas obsolètes et donc ne nĂ©cessitent pas de dĂ©prĂ©ciation. Une attention doit ĂŞtre portĂ©e dans le cadre des encours sur l’Ă©tat d’avancement rĂ©el de la production et les modalitĂ©s de valorisation des stocks.
De mĂŞme le contrĂ´le du poste client est nĂ©cessaire pour s’assurer que les clients paient normalement et qu’il n’y a pas d’impayĂ© potentiel dans les comptes.
L’audit financier rĂ©alisĂ© par des professionnels est lĂ pour sĂ©curiser le repreneur.
Sur le plan social, il convient de s’assurer que l’entreprise n’a pas consenti Ă ses salariĂ©s des avantages spĂ©cifiques qui dĂ©rogent significativement aux usages de la profession.
Sur le plan environnemental, il convient de s’assurer que la rĂ©glementation a Ă©tĂ© appliquĂ©e et que les sites n’ont pas Ă©tĂ© polluĂ©s.
Bref, la reprise d’entreprise est un challenge passionnant qui nĂ©cessite juste de prendre quelques prĂ©cautions Ă la base pour ne pas avoir de mauvaises surprises après …
Admettons que la reprise se soit effectuée dans de bonnes conditions (ce qui suppose un solide accompagnement).
Comment est-ce que cela se passe ensuite, notamment pour savoir si les résultats obtenus sont bons ? Intervenez-vous au niveau de la phase de lancement ?
Dans 90% des cas, nous accompagnons le repreneur après la reprise en tant qu’expert-comptable.
C’est une sĂ©curitĂ© pour lui, car il sait que notre accompagnement dans le cadre de la reprise n’est pas du « one shot » mais s’inscrit dans la durĂ©e.
Je dis souvent qu’on n’Ă©labore pas le business plan que pour le banquier, on le fait avant tout pour soi. C’est d’abord le fruit d’une rĂ©flexion sur l’entreprise, sa situation actuelle et son devenir puis une ligne directrice qu’on va suivre au cours des premières annĂ©es de la reprise.
La comparaison « prĂ©vu/rĂ©alisĂ© » est essentielle pour analyser l’origine des Ă©carts et prendre les mesures correctives.
Le business plan ne doit pas être un outil figé. On doit le faire vivre dans le temps en réadaptant constamment sa stratégie, ses moyens, ses prévisions financières.
Quels conseils pourriez-vous donner aux futurs repreneurs d’entreprise ?
Il faut savoir :
- Prendre son temps : la phase de reprise dure toujours plus longtemps que le repreneur l’imagine au dĂ©part,
- Avoir une idĂ©e la plus prĂ©cise possible des caractĂ©ristiques recherchĂ©es et s’Ă©loigner le moins possible de son savoir faire
- Etudier de nombreux dossiers : on apprend toujours d’un dossier que l’on a regardĂ© (les produits, le positionnement de l’entreprise, la manière de gĂ©rer du chef d’entreprise) s’entourer.
C’est un coĂ»t au dĂ©part mais cela permet de limiter les risques. Il faut savoir qu’un certain nombre de RĂ©gion ont mis en place des dispositifs d’aide au conseil, permettant ainsi une prise en charge.
Pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre cabinet, en quelques mots ?
Je suis Ă la base expert-comptable, commissaire aux comptes et expert judiciaire.
Au-delĂ des mĂ©tiers traditionnels de l’expert-comptable, nous avons dĂ©veloppĂ© chez Fidaquitaine une spĂ©cialisation dans l’accompagnement des crĂ©ateurs et des repreneurs d’entreprise.
Ainsi, les membres de l’Ă©quipe de Fidaquitaine ont accompagnĂ© plus de 120 crĂ©ateurs et bouclĂ© plus de 90 opĂ©rations de transmission d’entreprise.
En ce qui concerne la reprise, nous accompagnons le repreneur dans toutes les phases financières du dossier, de la prise de connaissance prĂ©alable jusqu’au closing en passant par l’Ă©valuation, l’assistance Ă la nĂ©gociation, le montage de reprise, les audits d’acquisition, la formalisation du business plan, la recherche du financement.
Nous avons structurĂ© cet accompagnement dans un Pack (FidReprise) dont chacune des Ă©tapes est optionnelle. C’est donc un accompagnement Ă la carte.
Pour en savoir plus : http://www.gautier-girard.com/dossiers-entrepreneu...
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